Podcast QualiBlue : Entretien avec Nicolas Rigaudeau président de la maison de l’architecture en Guadeloupe

06 Juil 2018|Actualités
Podcast QualiBlue : Entretien avec Nicolas Rigaudeau président de la maison de l'architecture en Guadeloupe

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Olivier Bicep : Je suis en présence de Mr Nicolas Rigaudeau. Vous êtes président de la maison de l’architecture. L’une des actions de la maison de l’architecture consiste à rencontrer les différents acteurs qui gravitent autour de votre domaine d’activité. Donc ça peut être les collectivités, les entrepreneurs du BTP, mais aussi le grand public. C’est dans ce cadre-là que nous nous rencontrons aujourd’hui. Puisque précisément l’architecture veut à travers un travail pédagogique sensibiliser le grand public à la qualité architecturale. C’est dans cette démarche-là qu’on se rencontre pour pouvoir avoir quelques précisions sur les œuvres architecturales et aussi sur le travail que vous faites au quotidien.

Nicolas Rigaudeau à gauche et Olivier Bicep à droite

Nicolas Rigaudeau : Tout à fait.

OB : Voilà. Donc la première question que j’avais, qu’est-ce qui pousserait quelqu’un à faire appel à un architecte ?

NR : Il faut savoir que les architectes sont des professionnels de la construction, mais pas seulement de la construction ce sont des gens qui sont formés à la culture et qui font entre 6 et 8 ans d’études après le BAC pour acquérir un certain nombre de compétences. Il faut qu’il soit capable de proposer aux gens qui viennent le voir pour construire un édifice quel qu’il soit. Parce que l’architecte c’est un généraliste, un architecte n’est pas spécialisé. Un architecte peut construire aussi bien un cabanon au fond d’un jardin, que de l’architecture intérieure, qu’un hôpital ou bien un aéroport. Ça va vraiment de toutes les échelles et l’architecte est également urbaniste, il est capable de concevoir des quartiers de ville, d’aider les politiques à la prospection urbaine et il peut même travailler  l’échelle du territoire. Alors qu’est-ce qui fait qu’on vient voir un architecte ? C’est que un architecte vous écoute et à partir de vos besoins, de vos gouts, de l’évolution possible de la famille. L’architecte aide à définir un projet, une disposition des lieux, une organisation des volumes, un aspect extérieur. Et la spécificité de l’architecte dans toute l’offre qui existe aujourd’hui c’est qu’il ne vend pas de modèle. L’architecte fait du sur mesure. Il est a l’écoute de son client. Il produit un ensemble d’espaces qui vont répondre vraiment au besoin spécifique de son client.

OB : Il n’y a pas de catalogue

NR : Voilà il n’y a pas de catalogue. Donc c’est vraiment une grosse valeur ajouté. Une fois que le programme et le cout d’un projet est défini, l’architecte, et ça c’est assez unique, il est indépendant et il est en relation avec le client. C’est-à-dire que son rôle c’est de vous défendre et de faire respecter auprès de tous les gens avec qui vous allez collaborer, donc c’est un peu un avocat en fait, auprès des entreprises pour faire bénéficier une réalisation de qualité dans des meilleurs conditions de prix possibles. Il assure également le suivi des travaux et le respect des délais. Ça c’est très important. Parce que très souvent en fait, ce dont les gens n’ont pas conscience quand ils vont voir d’autres professionnels comme des constructeurs qui leurs proposent des produits clés en main c’est que le constructeur est juge et partie. C’est-à-dire que à la fois il propose des modèles, mais en plus c’est lui qui va les réaliser donc il n’y a pas de « contrepouvoir ». Vous êtes « complètement » assujettis à ses compétences et à son pouvoir. Ensuite, l’architecte va constituer tous les documents pour vous, le permis de construire, le dossier de consultation des entreprises etc ? Jusqu’à la remise des clés et même après dans un certain temps à un suivi des travaux effectués jusqu’à la garantie de parfait achèvement un an après la construction.

OB : L’architecte a également une décennale ?

NR : L’architecte à une assurance professionnelle, une assurance de garantie décennale tout à fait. Il est sensé rentrer vraiment, complètement dans le cadre de la loi. C’est pourquoi un architecte va être très prudent dans la façon dont il va faire les choses. Il va faire un contrat, il va vous proposer le plus souvent un contrat d’esquise préliminaire pour commencer. Et ensuite si vous le souhaitez, continuer avec lui un contrat soit jusqu’au permis de construire, soit un contrat de mission complète qui va aller jusqu’au suivi de chantier et jusqu’à la livraison du bâtiment. Alors ça c’est très important, c’est une garantie pour tout le monde. Souvent on a l’impression que suivre les lois c’est un peu embêtant et que ça peut être contraignant. Mais le jour où il y a une pépin, le jour où il y a un problème, le jour où il y a une cyclone par exemple pour établir les responsabilités, pour savoir qui a fait quoi, lorsqu’on a bien fait les choses dans l’ordre et dans le cadre de la loi, et bien à tout moment on est assuré, on a pas de problème. Ça c’est vraiment ce qu’on prêche aux clients… C’est vrai que souvent les clients me disent : Oui on ne peut pas faire, moi j’ai mon copain qui peut me faire ci, qui peut me faire ça… Nous on dit ben oui, vous faites comme vous voulez, parce qu’on ne peut pas imposer à personne de faire comme il a envie, sauf dans le cadre de la loi, à partir de 150 m² de la surface de plongé, il est obligé de faire appel à un architecte. Ou en dessous, la personne fait comme elle le souhaite mais, on la met en garde contre tous les charlatans qui existent sur le marché. Et contre aussi après les défauts d’aspect, les défauts de réalisation qui en cas de cyclone peuvent s’avérer catastrophique pour lui et sa famille.

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OB : Et vous pouvez évoquer le sujet par rapport aux constructeurs, la différence que vous faites. On parle justement de la différence entre le constructeur et l’architecte. Donc les différences majeurs, on a retenu qu’il y a du sur-mesure qui est fait du côté de l’architecte, le constructeur va plus vous proposer un catalogue.

NR : Non seulement un catalogue de plans, mais en plus ce qu’il faut savoir c’est que le constructeur pour faire un maximum de marges sur son produit, va essayer d’avoir, tout en respectant parce qu’il est obligé de respecter les normes sismiques et cycloniques, mais il va toujours choisir les matériaux les moins chères qui vont couter le moins pour pouvoir faire sa marge au maximum. Parce qu’on peut faire différentes marges, mais bon le but d’un entrepreneur, c’est un peu normale, c’est de faire du profit. Il va tirer sur toutes les ficèles pour avoir un maximum de marge. Or nous, on est pas dans cette démarche-là, on est dans une démarche pour faire effectivement respecter les prix à notre clients, pour que le chantier ne sorte pas du budget qui a été fixé au départ ou qui a été pré évalué. Mais toujours dans un maximum de qualité. C’est-à-dire le meilleur rapport qualité/prix. Et comme nous on est indépendant, c’est-à-dire qu’on a aucun contrat avec l’entreprise, nous on est au service, on est comme un avocat un peu au service du maitre d’ouvrage, celui qui vient nous voir, qui est le client. Et bien nous on est un intermédiaire entre lui et les entreprises. Nous on connait comment se font les choses, alors que le client lui il ne connait pas, donc souvent sur un chantier quand il y va le constructeur lui dit : Oui on a fait comme ça, ne vous inquiétez pas c’est comme ça qu’on fait. Ce qui n’est pas toujours le cas. Parfois on essaye d’économiser un peu, pour justement faire plus de marge. Et voilà notre rôle et la différence qu’on peut avoir avec d’autres types de professionnels. Sachant qu’on a aussi un code professionnel, un code morale auquel on prête serment quand on intègre l’ordre des architectes et je crois que ça c’est quelque chose d’assez important. Parce qu’on a quand même une vocation éthique aussi en tant qu’architecte. Et c’est peut être une différence aussi avec d’autre types de professionnels.

M. Nicolas Rigaudeau et son équipe d’architectes

OB : Du coup, l’auditeur, celui qui a envie de faire des travaux, va nous dire oui, effectivement j’aurais bien aimé, je rêverais de travailler avec un architecte, mais le coût. Le coût me freine, j’ai un peu peur de faire exploser mon budget. Qu’est-ce que vous répondez à ça pour pouvoir rassurer le client et pour pouvoir lui montrer la qualité de service qui est derrière ?

NR : Alors moi ce que je fais c’est qu’en général quand un client vient me voir, je lui dis tout de suite quels sont les obstacles qu’il risque de rencontrer, quelles sont les contraintes auxquelles il doit faire face pour faire son projet. Et puis je le met tout de suite devant un impondérable qui est le coût minimum de construction au mètre carré ici en Guadeloupe, et qui fait que de toute façon qu’il passe par un architecte ou un constructeur grosso modo pour pouvoir avoir un projet fini… Je parle d’un projet fini. C’est à dire très souvent l’astuce et je dirais même « l’arnaque » c’est qu’on vous vend des prix au mètre carré qui ne constituent pas l’ensemble des prestations. C’est-à-dire qu’on vous livre une maison, mais c’est à vous de finir la peinture, c’est à vous de faire le portail, la clôture, de faire le béton qui va vous permettre de rentrer avec votre véhicule sur votre terrain, quand on parle d’une maison individuelle. Il y a tout un ensemble de faux frais que certaines personnes ne disent pas et du coup vous donnent un prix au mètre carré qui est complètement faux. Vous allez signer un contrat avec ces prix-là, mais à la fin vous allez devoir payer en plus. Et donc l’idée c’est que l’architecte par rapport à ça, il a le devoir d’être honnête et de vous prévenir dès le départ. Ensuite, le mode de rémunération d’un architecte c’est… Effectivement c’est difficile de dire au préalable le cout réel, parce que ça va dépendre d’un grand nombre de facteurs. Un architecte c’est un professionnel qui travail, qui doit payer un loyer, qui doit payer l’électricité, qui doit payer un certain nombre de frais et qui aussi doit se déplacer beaucoup, qui doit aussi se cultiver, parce qu’à chaque nouveau chantier on va apprendre des choses, on va aller chercher de nouveaux savoirs, de nouvelles connaissances. Donc en général, on calcul un peu le coût journalier d’une agence, et puis on fait un peu nos tarifs en fonction de ça. Alors ce qui se passe c’est qu’en général, par exemple pour une maison individuelle simple, le cout d’un architecte peut varier entre, les architectes les moins chers vous allez pouvoir trouver 7% du montant total hors taxe des travaux, ça peut monter jusqu’à 12% si le projet est vraiment complexe. Et puis c’est aussi une fonction de la taille, vous comprenez bien que si on construit une maison qui fait 120 m², ce n’est pas la même charge de travail qu’une maison qui en fait 300. On va dessiner les détails, parce que nous on dessine les détails, on ne va pas vous mettre la garde corde de base du standard du grand public que tu vois en catalogue. ON peut vous dessiner les garde-corps, on peut vous dessiner le mobilier intérieur si vous le souhaitez ou pas, on peut dessiner les poignets de porte, on peut dessiner tout puisque c’est notre métier. Donc voilà, en gros il faut compter entre 7 et on va dire 10% du montant total hors taxe des travaux pour l’architecte. A ça, il faut ajouter le cout d’un ingénieur parce que nous on le recommande vraiment et on travaille avec des ingénieurs structures pour calculer les structures, parce que c’est très important pour nous dans un pays sismique et cyclonique. Donc lui en général il ajoute entre, bon ça dépend hein ! là ce que je dis c’est vraiment à valeur consultatoire ce n’est pas du tout… Enfin bref, ça peut être entre 3 et 5% ou plus du montant total des travaux selon les ingénieurs. Et ça va vous garantir encore une qualité de construction à toute épreuve. Parce que l’ingénieur lui aussi il a des assurances, lui aussi il a une morale, il doit répondre à des contraintes de la réglementation, c’est un homme de l’art. Quand on associe les deux, ça vous donne une équipe de conception et de maitrise d’œuvre pour le chantier qui est de qualité et qui est indépendante.

OB : Et du coup j’allais dire qui est complète, mais est-ce que dans cette équipe vous avez aussi compté l’étude de sol ?

NR : L’étude de sol c’est quelque chose qui est préalable, qui est obligatoire, pour nous en tout cas, on ne peut pas se permettre de construire un édifice sur un sol dont on ne connait pas la nature. L’étude de sol est très souvent aussi le relevé topographique avec le plan de cadastre, c’est dire le bornage du terrain. Ça ce sont des impondérables également qu’il faut ajouter au coût total du projet. Mais c’est pas nous qui vous facturons ça, c’est encore d’autres professionnels qui sont indépendants. Nous on peut vous recommander des géomètres, quelque chose comme ça, mais ce ne fait pas partie de notre budget. De nos honoraires.

OB : D’accord. On a évoqué qu’on est en zone à risque ici, justement est-ce que vous donnez des conseils pour pouvoir construire en zone à risque ? On a parlé justement d’étude de sol qu’il faut faire au préalable de manière impérative, est-ce qu’il y a d’autres précautions qu’on peut prendre ?

NR : Moi ce que je conseil toujours aux clients, c’est de faire appel à des professionnels. Evidement en zone à risque mieux vaut faire appel obligatoirement quand on a intérêt à faire une étude de sol, ça coute je crois moins de 1 000 € pour la plus part des terrains, donc ça dépend de la taille de votre terrain. Faire appel à un géomètre pour un bon relevé de topographique de votre terrain pour être sûr de bien maitriser les asymétries et dépléremblai, quand on va terrasser pour faire un bâtiment si le terrain est en pente. C’est les altitudes en fait du terrain pour savoir s’il est en pente de savoir combien de pente il y a pour les accès, pour ensuite les murs de soutènement, pour la résistance du bâtiment au tremblement ou bien tout simplement pour les circulations savoir comment vous allez accéder à votre maison s’il y a plusieurs étages ou pas. Ça c’est une chose. Et puis ensuite consulte un plan de prévention des risques, parce qu’il y a énormément de données aussi qui sont contenues dans ces plans de prévention des risques. Etudier aussi le plan de codification des sols ou les PLU, plan de code urbanisme, qui permettent d’avoir un grand nombre d’informations aujourd’hui sur les zones si elles sont à risque ou pas, si elles sont naturelles, si elles sont urbaines…

OB : Ces documents on peut les retrouver à la mairie ?

NR : A la mairie, au service technique des différentes communes. En générale c’est de la consultation, elles sont aujourd’hui beaucoup sur internet. Si vous demandez un exemplaire papier on peut vous le facturer en mairie, mais en général sur les sites internet vous pouvez les trouver en numérique pour les consulter.

OB : On est dans un cadre qui est moderne, vous avez expliquez où vous êtes situé, et du coup on constate qu’ici en Guadeloupe on a beaucoup de construction classiques, qu’est-ce que vous pensez des constructions dites tendances qui sont attrayantes soit par rapport à des raisons économiques, ça peut être les maisons conteneurs ou les maisons modulables, ou soit par rapport à des raisons écologiques, les co-constructions, la construction HQE (Haute Qualité Environnementale). Quel est votre regard par rapport à ces constructions qui sont en vogues actuellement ?

NR : Alors déjà oui effectivement ici on ne réalise pas vraiment des constructions classiques, pour quelles raisons ? En fait ce que l’on appelle construction classique ce n’est pas classique. C’est-à-dire l’architecture classique ici en Guadeloupe ça pourrait être l’architecture populaire, des cases créoles qu’on a longtemps faites en bois et qui petit à petit se sont durcifiées justement à cause des cyclones. L’architecture classique ça peut aussi être l’architecture des édifices religieux comme la cathédrale de Baster, ce genre de chose, mais il n’y en a pas beaucoup en Guadeloupe. Et puis l’architecture des anciennes habitations sucrières qui est l’architecture classique bourgeoise. Ces 3 architectures classiques aujourd’hui on ne les construit plus tout simplement parce qu’on a plus les compétences, on a plus l’argent pour pouvoir les réaliser. On peut les entretenir, il y a un travail que la DAG fait pour entretenir les bâtiments patrimoniaux, le SLILER aussi aide pour ça, la région Guadeloupe entretien certains bâtiments, mais aujourd’hui en fait ce qu’on appelle classique c’est une espèce de copie de ce qu’on faisait autre fois. Quand on fait aujourd’hui par exemple une frisette sur un bord de toiture, ce n’est plus un artisan ferronnier qui la fait, c’est des choses qui sont prédécoupés industrielles qu’on pose. Et les modes de pose ont changé. Les façades qu’on réalise aujourd’hui, elles essayent d’évoquer ce passé nostalgique mais en réalité elles sont différentes. Les proportions ont changées, puisque par exemple un poteau en béton n’a pas la même épaisseur qu’un poteau en bois avait dans une ancienne case. On essaye de sortir de ca pour aller vers une architecture contemporaine, une architecture de notre temps, qui soit la plus ouverte possible et la plus facile à vivre en accord avec la vie qu’on mène aujourd’hui. Aujourd’hui on a des véhicules, des voitures, des automobiles, on a internet, on vie dans notre temps. On essaye quand même de garder les qualités qu’avait l’architecture traditionnelle comme par exemple la ventilation naturelle. Donc le plus souvent possible quand on peut, et c’est ce qu’on fait nous dans 99% des cas, on fait des logements qui sont à double orientation, qui sont traversant, ça c’est extrêmement important…

OB : Pour laisser ventiler

NR : Voilà, pour que quand on ouvre la porte et la fenêtre, des 2 côtés de la maison l’air puisse traverser, le vent traverse. Ce n’est pas quelque chose qui est très courant aujourd’hui malheureusement quand on voit certain plan d’habitation, de logement mais c’est très important.

OB : Pourquoi ce n’est pas courant ?

NR : Parce que quand vous ne le faites pas, vous avez parfois plus de rentabilité foncière. Vous pouvez mettre plus d’appartement ou logement dans le même espace, le même nombre de mètre carré parfois.

OB : Donc c’est une facilité entre guillemet

NR : Ouais. Ça c’est une chose. D’ailleurs je vous invite à aller sur le site de l’agence ADO www.adoho.fr pour voir un petit peu les réalisations que l’on propose. L’agence dans laquelle nous nous trouvons d’ailleurs c’est un exemple d’architecture contemporaine. On est dans une salle qui est complètement vitrée pourtant le bâtiment il est résistant aux séismes et aux cyclones.

Espace vitré paracyclonique et parasismique

L’un n’empêche pas l’autre, mais il y a des choses qu’il faut faire, des précautions à prendre, des normes à respecter, des façons de construire. Si on fait par exemple une dalle en porte-à-faux qui déborde dans le vide, on va mettre plus d’acier dedans, donc ça va couter plus cher.

Mais l’architecture c’est ça, il faut savoir ce qu’on veut, est-ce qu’on va toujours construire des boites en béton très obscures avec des petits trous ou est-ce qu’on essaye d’ouvrir à la nature, d’ouvrir au monde, et puis de se mettre dans les bonnes orientations. Ici vous voyez que le soleil il est de l’autre côté, on est orienté Est/Nord-Est. Donc est très à l’aise toute l’après-midi, toute la journée. On n’a pas chaud. Alors on utilise quand même il faut le souligner, puisqu’on est dans les bureaux, et que c’est très difficile, ça c’est aussi un peu petit peu aussi un rêve, ça peut exister des bureaux qui se ventilent naturellement mais c’est très rare. Il faut vraiment qu’il y ait des conditions spécifiques pour le faire. Je crois que le siège par exemple du parc national à Saint-Claude, je crois qu’il est ventilé naturellement. C’est un exemple. Mais la plupart du temps, nous, quand on a conçu des bureaux ventilés, les gens ensuite ont demandé à fermer et à climatiser. Parce que le confort exige à un moment donné d’avoir un air à peu près sec et que les feuilles sur les bureaux ne se soulèvent pas à cause du vent, qu’il n’y ait pas de la poussière sur les ordinateurs etc.

OB : Et puis surtout d’avoir une maitrise de la température toute la journée

NR : Voilà, exactement. Pour revenir au sujet, c’est une mode. Moi je pense que la tendance est toujours intéressante à observer, par contre il faut se méfier des modes. Parce que derrière ca il y a souvent du marketing et l’idée de l’architecture c’est plutôt de durer dans le temps, pas de faire du jetable. L’histoire des conteneurs, il y a eu quelques personnes qui ont récupéré des conteneurs en fin de vie et qui en ont fait des habitations pour le fun. Mais en fait pour avoir travaillé avec des conteneurs, on s’est rendu compte que la plus part du temps récupérer un conteneur, le faire venir en Guadeloupe, on est obligé de travailler pour l’isoler, on est obligé de lui mettre un isolation parce qu’au soleil c’est un four. On est obligé de le découper, parce que les dimensions d’un conteneur ne sont pas possibles à vivre, c’est tellement étroit par rapport à la longueur et par rapport à la hauteur, Donc il faut l’ouvrir et il faut le découper ensuite il faut le solidifier pour qu’il résiste au vent. Ensuite il faut, si on les superposer pour en faire plusieurs étages, il faut les solidifier pour que ça résiste aux séismes. Et à la fin finalement, ça vous revient beaucoup plus cher que d’avoir construit un module en métallique conçu directement, et surtout c’est beaucoup moins écologique parce qu’on y a mis beaucoup d’énergie pour pouvoir le rendre habitable. Le conteneur c’est vraiment l’exemple type de ce qui est tendance mais qui finalement est très cher et pas écologique du tout au final. Ensuite si par exemple un client a déjà acquis des conteneurs, qu’il veut faire un projet avec, ben évidement qu’on va étudier ça avec lui parce que notre but c’est de répondre à sa demande. Pour ce qui est des constructions modulaires également, il y a des choses magnifiques qui sont faites en construction modulaire. Par exemple il y a un projet qui a été fait aux abimes, des locaux restos qui ont été fait en conteneur, de couleur grisé, qui sont très sympa. On peut faire des choses bien, mais il ne faut pas être esclaves de la tendance, de la mode. Il faut aussi à un moment donné avoir les pieds sur terre, savoir que l’architecture c’est quelque chose qui doit répondre à des besoins culturels, on ne fait pas n’importe quoi n’ importe où. Ici on est en Guadeloupe, il y a des traditions constructives, il y a des traditions architecturales. Donc oui pour une fois par exemple faire un projet, par exemple si c’est un busier de la marine, utiliser des conteneurs parce que ça a un sens. Vous voyez ? Parce qu’il faut mettre du sens, l’architecture ça doit avoir du sens, mais si c’est juste pour faire une maison parce que c’est la tendance, on ne va pas forcement aller vers ce projet.

OB : C’est fou parce que les clients demandent de plus en plus ce type de maisons, sans vraiment comprendre ce qu’il y a derrière, savoir que ça implique en termes de cout comme vous l’avez si bien illustré. Et surtout au préalable parce que c’est pareil, on ne pose pas un conteneur comme ça dans la nature, il faut qu’il soit encré, il faut une dalle, il faut l’accrocher. C’est pour ça que ça a été très bien marqueté parce que les clients qui viennent ne se projettent pas dans ce type de construction pour savoir tout ce que ça peut impliquer. Donc…

NR : C’est le but du marketing. C’est très bien fait, il y a beaucoup d’émission aujourd’hui de vulgarisation de la décoration intérieur qui sont très bien à regarder, je veux dire c’est très sympathique. Mais quand on connait un petit peu et quand on est du métier, il y a aussi beaucoup de choses qui sont fausses dedans, de fausses affirmations et le gens ça vient un petit peu pénétrer leur imaginaire, ça leur donne des envies. Nous on est là aussi pour leur expliquer parfois que, parfois oui ce sont de bonnes idées, parfois attention ça risque de vous couter beaucoup plus cher et finalement d’être pas écologique du tout. Ça c’est notre côté éthique, morale de dire aux gens un petit peu attention, d’aller dans le sens de leurs intérêts puisque un client satisfait pour nous c’est du bouche à oreille. Apres il va parler en bien de nous et on aura d’autres personne qui viendront nous voir. C’est le but.

OB : C’est la meilleure publicité en plus.

NR : Exactement

OB : Et du coup, là on passe à 180°, puisqu’on parle de maison HQE, là on est vraiment encré dans le durable. Votre vision par rapport à ça ?

NR : Alors par rapport à ça, nous par exemple on a réalisé un bâtiment HQE qui est le groupement pharmaceutique Guadeloupéen qui est situé derrière Milénis aux Abymes, qui est un process de fabrication de médicaments, qui est réalisé en structure métallique avec une enveloppe en polycarbonate translucide bleue, je terrais la marque, mais bon la marque est très connue. Et c’est un des premiers bâtiments qui a été réalisé avec ce matériau, qui à la fois offre l’opportunité d’être isolant et qui en même temps laisse entrer la lumière.

Ensuite le HQE ne dépend pas d’un matériau, les co-architectures, les co-constructions en général c’est, beaucoup de gens vous le diront, c’est du bon sens. C’est-à-dire effectivement faire un logement traversant qui font que lorsqu’on les ouvre la ventilation traverse. C’est utiliser des matériaux le plus locaux possible et c’est là que pour l’instant on a beaucoup de mal en Guadeloupe puisqu’on ne produit pas de matériaux de construction ici, on importe tout et qu’aujourd’hui il y a peu de matériau qui répondent à toutes les contraintes en même temps. Il y a souvent des compromis qu’on fait. On peut construire en bois, soit structure bois ou structure métallique et puis autour une enveloppe en bois, sois on peut construire en béton, sois on peut construire en structure métallique et envelopper le bâtiment par de la tôle ou bien avec d’autres types de matériaux comme le trespa qui est une espèce de résine et de bois imputrescible. Il y a plein de matériaux qui existent et en fait il n’y a pas un matériau qui est plus écologique que les autres. Ça aussi c’est une grande contre vérité souvent on dit oui ça c’est du béton, ce n’est pas écologique. Ca dépend. Si c’est bien agencé, si le béton est protégé du soleil aux endroits où le soleil tape le plus fort. C’est un matériau qui est écologique aussi autant que les autres parce que de toute façon tous les matériaux avec lesquels on construit ici sont importés. Il faut savoir par exemple que l’aluminium c’est un matériau très polluant à produire. Mais une fois qu’il est mis en œuvre, il est très résistant à la corrosion et donc il va durer très longtemps. Donc il faut faire un bilan global des choses pour dire si on est dans l’écologie qui est du durable. Voilà, mais nous c’est vraiment en tant qu’architecte, quelque chose qui est incontournable pour nous, on a des formations, l’ordre des architectes de Guadeloupe organise des formations. On a obligation de se former régulièrement, par exemple moi j’ai fait déjà 2 ou 3 formations sur l’écologie dans l’architecture, l’architecture écologique, mais aussi urbanisme environnementale et durable. Parce que il y a aussi une autre chose, souvent on pense à l’échelle de la maison, l’architecture écologique, la ville, l’urbanisme tout ça c’est lié. Voilà, toutes les échelles sont liées donc ça veut dire qu’il faut penser aussi bien à l’échelle de la région du département, de la ville et que du quartier, que de la maison pour faire de l’écologie vraiment. C’est-à-dire développer les transports en commun, les voiture c’est très polluant. Il faut qu’on arrive ici en Guadeloupe à développer nos transports en commun, à se déplacer plus facilement en vélo, à pieds, avoir des trottoirs sur les bords des routes, avoir des trottoirs ombragés, avoir des bus, avoir peut être bientôt un tramway ou bien des transport commun style propre, il y a des nouveaux modes de transport comme des cabines périphériques dans certaines villes d’Amérique du Sud ou de France aujourd’hui qu’on voit apparaitre. Il y a un grand nombre de nouveaux modes de transport qui fleurissent et il faut les exploiter au maximum. Les voitures électriques également. Bref, c’est un ensemble de dimension qu’il faut prendre dans toute leur entièreté.

OB : c’est ce que veut un peu regrouper le projet de loi ELAN, pour pouvoir avoir une harmonisation du paysage urbain, en tant qu’architecte vous avez un regard par rapport ce projet qui va bientôt…

NR : Qui a été voté récemment. Alors nous justement en tant qu’architecte, on s’est opposé à certains amendement de cette loi, à certains articles parce que cette loi prévoit pour faciliter justement la production de logements sociaux, de supprimer les concours d’architecture et de faciliter les assembliers, c’est-à-dire un financier couplé à une entreprise. Donc l’architecte ne serait plus qu’un employé. Et donc on perdrait ce point de vu indépendant. Et ca je pense que c’est au détriment de la collectivité. C’est-à-dire que le logement social requière encore plus que le reste, puisque c’est pour des populations en difficultées, encore plus d’attention, encore plus de qualité. Et il y a de nombreuses expériences qui ont été mené dans le logement social dans les années 60, 70, 80 et aujourd’hui on regrette que l’expérimentation soit quasiment disparue du logement social et qu’on reproduise des recettes qui fonctionnent mais malheureusement qui ne répondent pas aux besoins environnementaux et aux grandes questions écologiques des générations futures.

OB : Donc, depuis les fameuses barres des années 70, 90 on n’a pas évolué ?

NR : Si on a tiré une leçon, si il y en a eu, il y a eu des expériences qui ont été menées mais trop souvent devant la complexité de la réalisation, devant la réflexion qui s’impose, on a un peu abdiqué, baissé les bras parce qu’il fallait construire vite. Et aujourd’hui malheureusement on ne construit plus des barres, parce qu’on ne veut plus de cette forme la, mais finalement on construit des petit blocs et toujours avec des parkings en bas des logements qui sont très peu végétalisés. Ces blocs la sont toujours très pauvres en terme architecturaux parce qu’on n’a pas l’argent pour pouvoir faire de l’architecture, on n’a pas le temps de bien penser ces espaces. Et on nous impose aussi parfois des matériaux sans entretien mais qui sont toujours les même, qui sont très pauvres et qui finalement au bout d’une trentaine d’année risque d’amener à l’obligation de démolir ces édifices comme on l’a fait pour les bâtiments des années 60. Donc là c’est un gros cris d’alarme que l’ordre national des architectes et plusieurs syndicats et plusieurs associations ont porté au niveau national pour faire entendre notre voix et crier l’alerte par rapport à cette loi.

OB : En tout cas pour ce qui concerne le logement social, c’est de mauvaise augure pour les logements de demain, mais vous votre vision pour justement l’architecture de demain, comment vous la concevez ?

NR : Alors pour moi l’architecture de demain et notamment en Antilles, parce que c’est ce qui nous concerne en 1er lieu, comme je le disais tout à l’heure, c’est répondre au défi urbain que pose la densification du territoire, l’afflux des populations qui veulent toujours être plus proche des centres. On a un centre industriel et commercial qui s’appelle Jarry qui concentre plus de la moitié de la population active en Guadeloupe et qui crée un entonnoir chaque jour qui est devenu insoutenable en terme d’embouteillage et en terme écologique, parce que malheureusement c’est là aussi que se trouve une mangrove et un centre de biodiversité incomparable et assez exceptionnel qu’on est entrain petit à petit de dévorer. Donc l’idée c’est d’essayer de limiter au maximum l’émiettement et la consommation du territoire par des petites entités, des petites villas construites. En fait la ville n’arrête pas de s’étaler, les bourses s’étendent et on n’arrive pas à les limiter pour se garder des zones rurales. Finalement vous n’aurez pas ce mitage, des petites maisons d’industrie, de commerce et d’entreprise, d’usine. On pourrait garder des corridors verts, des corridors écologiques dans laquelle l’homme ne soit pas trop présent pour préserver la nature. Et en même temps, venir densifier un petit peu les bourgs, pour qu’on y développe de la vie, qu’on vienne densifier un peu ces centre-là, pour concentrer un petit peu l’activité. Il faut savoir qu’à chaque fois que vous construisez une villa à l’écart des centres urbains, à l’écart d’une route, à l’écart des réseaux, il faut venir faire du bitume pour y accéder, il faut prolonger des réseaux dans le sol, des tuyaux, des câbles etc. Tout ça c’est au détriment de l’environnement. Et ensuite après il faut que les services urbains, par exemples les poubelles, c’est des litres d’essence en plus, des dizaines de litre. Je crois qu’un camion poubelle consomme quelque chose comme 13 litre au 100 km. C’est énorme en termes de consommation après pour venir nettoyer les rues, pour venir chercher les poubelles etc. Et c’est exponentiel. Donc plus on va arriver à limiter l’étendu des bourgs, plus on va arriver à concentrer nos espaces urbains, plus tout le monde pourra se connaitre parce qu’il y aura plus de proximité, plus on pourra tous bénéficier des services facilement, plus les enfants pourront aller à pieds à l’école au lieu d’être obligé de les amener en voiture et de gaspiller de l’essence et de faire des km et des embouteillages etc. etc. Donc le modèle de développement le plus durable, le plus économique c’est la ville. Et en Guadeloupe on a cette chance encore d‘avoir les espaces en gros qui ne sont pas de la ville, contrairement par exemple à la Martinique où ils ont beaucoup plus de problème de mitage que nous. Il faut qu’on arrive à prendre conscience de ca et à limiter l’extension comme ça des bourgs. Pareil pour les zones commerciales, au lieu d’avoir peut être un grand centre commercial pour toute la Guadeloupe, il serait peut-être plus intelligent, plus stratégiquement, plus viable d’avoir quelque centres commerciaux qui soient un peu mieux répartis sur toutes la Guadeloupe, pour que tout le monde ne fasse pas une centaine de km pour venir à Jarry, mais que les gens du moules aient leur zone, les gens de Baster également. Bien sûr que ça soit limité, mais qu’on puisse répartir sur le territoire les compétences et les services qu’on offre à la population.

OB : La répartition oui effectivement, ça justement je la conçois bien, là où je vais vous demander un peu plus d’explications c’est par rapport à la densité du bourg sur un petit territoire, on voit très peu d’espaces libres pour pouvoir faire de nouvelles constructions. C’est quoi l’idée ? C’est de construire des immeubles verticaux qui vont pouvoir abriter de plus en plus de populations ou comment on fait dans un petit territoire pour pouvoir ramener tout le monde à proximité ?

NR : Alors comme se sont faites toutes les villes du mondes, elles ont commencé par être des villages avec des simples maisons à un étage, et puis petit à petit ça s’est ordonné, on a déterminé des parcelles, des terrains et puis ce qui s’est passé c’est que à un moment donné quand il y a eu une famille qui a revendu, la personne à détruit la maison ou la maison s’est écroulée d’elle-même suite à un cataclysme et puis on a construit 2 niveaux. Et puis petit à petit comme ça au fil de l’histoire les choses ont fait que les villes les plus denses ont des immeubles maintenant de 6, 7 ou 20 étages. Et la Guadeloupe, ben c’est la même chose, c’est-à-dire que vous avez des bourgs avec un grand nombre aujourd’hui de parcelles qui sont inutilisées à cause de l’indivision. Donc de vieilles cases qui s’écroulent, tombent en ruines et qui constituent après des terrains vierges sur lesquels on peut construire. Et c’est là qu’on pourrait justement investir pour créer des immeubles de hauteur moyenne dans un premier temps, ou plus haute quand c’est nécessaire. Par exemple vous avez des territoires comme Point-à-pitre, qui sont construit sur des remblaies, sur la mer, sur des marécages dans lesquels le sol est très mauvais donc pour rentabiliser vous êtes obligé de monter très haut. Parce qu’il faut construire des fondations profondes qui vont chercher le bon sol parfois jusqu’à 30 mètre donc pour rentabiliser, si vous ne faites pas un immeuble qui fait au moins 5 étages, vous ne rentrez jamais dans vos coûts. Et l’idée c’est petit à petit comme ça dans les bourgs on a cette grande opportunité en Guadeloupe d’avoir beaucoup de parcelles délaissées en indivision, et ben c’est de mettre les moyens fiscaux, règlementaires et une réelle volonté politique pour arriver à les reconquérir et pour offrir des opportunités à des investisseurs privés aussi de venir y construire des immeubles et pour venir densifier les villes. Parce que les villes, elles offrent déjà tout ce qu’il faut pour vivre, il y a des commerces, il y a des places, il y a des petits jardins, des parcs, on vient récemment de livrer les jardins d’Henri IV à Point-à-pitre, en bas du cimetière de point-à-pitre, qui tait autre fois des espaces verts des résidences des années cinquante qui ne servaient finalement pas à grand monde, à personne parce que c’était à la fois public à la fois privé. Et la maintenant, et la maintenant c’est un vrai jardin public, le jeunes peuvent aller faire du sport, les mamans peuvent aller s’y promener avec leurs enfants etc. L’espace urbain c’est une plus-value inimaginable. Aujourd’hui les villes qui attirent les gens du monde entier ce sont des villes où les espaces publics sont riches et de qualité. C’est l’espace public qui fait la valeur ajouté d’une ville. Et aujourd’hui malheureusement la plus part des gens vont plutôt de préférence faire leur courses hors des villes parce que nos bourgs sont un petit peu souvent en souffrance. Ce n’est pas le cas de tous, et je constate que de plus en plus il y a des bourgs qui se développent, qui ont compris ca et qui mettent de l’argent, des moyens dans la construction et la mise en valeur des espaces publics. Ça c’est une des premières choses pour l’architecture de demain. C’est-à-dire que pour l’instant l’architecture Guadeloupéenne qui essaye de faire de son mieux. Elle utilise des matériaux qui sont préfabriqué, qui sont importés. Alors qu’autre fois l’architecture traditionnelle essayait tant que faire ce peu, d’utiliser des matériaux qu’il y avait autour de nous. On utilisait par exemple le bois local, on utilisait les pierres qu’on avait pour constituer les fondations des maisons, des cases. Alors je crois qu’aujourd’hui on est dans un tournant, c’est-à-dire que l’industrialisation nous a fait passer dans un mode de construction traditionnel à un mode de construction industriel et je crois que l’architecture écologique de demain sera un mix des 2 pour revenir à des matériaux naturels. Par exemple on sait que le bambou c’est un matériau extraordinaire. On a du bambou en Guadeloupe, alors peut-être pas aujourd’hui les espèces de bambou qui permettent de construire, mais on peut tout à fait imaginer d’avoir quelques endroit où on planterait ce type de bambou et faire de l’architecture avec du bambou. Aujourd’hui ce n’est pas possible pour des raisons règlementaires parce que nous dépendons de l’Europe et que les règlementations européennes exigent de faire des tests et on n’a pas encore u de validation de ce matériau pour par exemple le mettre en façade ou l’utiliser en tant que structure. On a un petit peu le même problème qu’Henri Joseph avec la Pharmacopée Guadeloupéenne, C’est-à-dire aujourd’hui il y a un problème, une opposition entre l’endroit où on se trouve et l’espace géopolitique auquel on appartient qui est l’Europe et on va devoir essayer de faire valoir notre spécificité pour pouvoir faire accepter des matériaux de constructions locaux dans notre architecture, pour pouvoir les utiliser de nouveaux. Je crois que ça c’est vraiment une question d’avenir et puis après ben on a vu avec les cyclones maria et ama dernièrement, que il faut revenir aussi à des stratégies qui permettent de rester quelque jour en autarcie. Savoir revenir absolument aux citernes, récupération des eaux de pluies, développer au maximum des apports d’énergie par des énergies renouvelables, les panneaux solaires, les éoliennes. Bon il y a déjà l’eau chaude solaire qui est déjà obligatoire maintenant  dans le logement social et ça c’est une très bonne chose. Et puis ne jamais oublier que dans tous les logements il devrait y avoir au moins une ou plusieurs pièces de bunker, de refuge qui permettrait à une famille de subsister en cas de coupure électrique et de coupure d’eau pendant au moins quelques jours. Ça c’est très important pour l’architecture de demain. Alors ça ce n’est pas forcément de l’architecture, c’est un peu la construction et dans l’habitat en tout cas, prévoir ce genres de choses. Construire avec cette conscience qu’on est très fragile, que les évènements climatiques sont de plus en plus violents et donc qu’on doit être capable d’y faire face de mieux en mieux quelle que soit leurs intensités. Et puis encore une dernière fois la culture architecturale urbaine, la développer par le biais de l’école, des médias, l’éducation famille pour que les citoyens deviennent des éco citoyens plus responsables et avisés. Et que les élus qui nous gouvernent prennent conscience de l’importance de développer justement la qualité de l’architecture, la qualité des espaces verts public. Et quelque chose tout bête mais de développer aussi des espaces urbains, mettre des trottoirs sur des routes pour que les personnes âgées, les jeunes enfants puissent se déplacer à pieds en toute sécurité. Et puis aussi le respect de l’environnement, faire passer les questions écologiques au premier plan et non pas comme c’est souvent le cas aujourd’hui, après l’intérêt économique. Parce qu’aujourd’hui on est dans un moment où l’humanité se rend compte que quand on n’aura plus rien à manger, on ne pourra pas manger les billets.

L’équipe d’architecte en pleine réalisation de plans pour un client

OB : Vous êtes président de la maison de l’architecture, vous avez des projets par rapport à cette association, est-ce que vous allez pouvoir en parler un peu plus pour pouvoir faire passer certains messages

NR : Tout à fait. La maison de l’architecture c’est une association née en 1901 à but non lucratif, qui a été créé en l’an 2000 à l’initiative du conseil régional de l’ordre des architectes par un architecte, malheureusement qui nous a quitté, qui s’appelle Christian Galpin. Et son but c’est d’inspirer, de promouvoir et de faciliter la compréhension de l’architecture, l’urbanisme et la qualité du cadre de vie au travers d’actions, de rencontre, d’échanges et de débats. Ça peut aussi être des expositions, ça peut être des rencontres internationales ou la promotion de l’édition comme on va le voir plus tard. L’idée c’est aussi de tisser des relations interprofessionnelles, c’est un petit peu le but aussi, l’objet de notre rencontre avec tous les acteurs concernés par la filière construction. L’idée c’est donc de créer des liens en fait finalement et de diffuser la culture architecturale au sens large. Par exemple par le biais d’actions, avant de dénoncer les quelques actions qu’on a mis en place, il faut savoir que la maison de l’architecture est soutenue par la DAG et le Guadeloupe, le conseil régional, le conseil général, les villes d’art et l’histoire telles que l’Aster, Point-à-pitre, le CAUE et l’ordre des architectes de Guadeloupe. Voila

OB : CAUE on peut reprendre le sigle ?

NR : C’est le Conseil de l’Architecture de l’Urbanisme et de l’Environnement de Guadeloupe. C’est une entité publique qui est là pour donner des conseils pour les gens qui veulent par exemple faire des rénovations d’habitats anciens, qui distribuent des subventions, qui va aussi dans les écoles pour faire de l’éducation, de la sensibilisation à l’architecture et à l’urbanisme.

OB : Qui reçoit aussi le grand public…

NR : Qui reçoit aussi le public. Donc voilà, la maison de l’architecture et ses membres, leur but et leur motivation c’est la diffusion de cette culture. Ça joue un rôle essentiel dans la société, et favoriser l’accès à la connaissance et à l’information, ça permet au public aussi d’être plus exigent vis-à-vis des élus et des gens qui ont le pouvoir décisionnaire. C’est croire en la possibilité de pouvoir faire évoluer le niveau de la demande architecturale, et tout ça pour créer un cadre de vie de plus grande qualité pour nous tous. Parce que nous on se sent souvent un peu seul quand on va exiger certaines choses, quand on essaye de se battre dans des projets publics pour amener un surplus de qualité, pour proposer par exemple un parvis qui soit ouvert, qui soit public, pour exiger que l’on mette le moins possible de barrière, de clôture autours des bâtiments publics. Parce que trop souvent on nous demande de clôturer parce qu’on ne veut pas que n’importe qui vienne à l’intérieur des bâtiments, mais parfois c’est aussi sécurisé quand on a un bâtiment qui est ouvert et qui est à la vue de tous que quand on a une clôture et quand on pénètre derrière après plus personne ne le voit et il peut aller casser et voler des choses. L’idée c’est qu’on soit soutenu le plus possible par le grand public. On à des outils de communication, donc on a une page Facebook : la maison de l’architecture de Guadeloupe, on a un site internet : http://www.maisonarchitecture-971.org/www.ema-guadeloupe.org

OB : Vous avez aussi des rencontres une fois tous les deux mois ?

NR : Alors j’allais venir, très rapidement, les membres de la Maison de l’Architecture : Les 2 vices présidents c’est Patrice Bouarin et Laurent Bariot, nos secretaires ce sont Cédric Blémand et Nicolas Bérau, le trésorier Gonal Besson et les membres honoraires Périne Lugaire, Eric Ramnal, Cristophe Marie et Emile Romnay. Qui sont un peu membre à vie parce qu’ils ont par le passé été soit président, soit eu une action très prononcée dans la Maison de l’Architecture. Donc ils restent un petit peu des guides, c’est un peu le conseil des sages de la Maison de l’Architecture. Il faut savoir par exemple que l’une des actions forte de la Maison de l’Architecture a été l’occupation du site de l’usine Darbousier en 2007 et c’est ce qui a fait que la région Guadeloupe a décidé de construire le bâtiment sur ce site la. Parce que le 1er concours qui avait été lancé était sur un terrain à Baie-Mahault qui avait beaucoup moins de sens que ce site de l’usine Darbousier très chargé socialement et historiquement. Et la Maison de l’Architecture à organiser une espèce d’happening sur 3 jours, elle à fait entrer le public sur le terrain, elle a repeint le bâtiment, ils ont fait venir des artistes, Léna Blou a fait danser ses élevés, des artistes sculpteurs sont venus récupérer des bouteils par exemple sur le site, ont fait des sculptures avec. Jean Marc Hunt, François Piquet avaient récupéré des fers de tonneaux qui contenaient du rhum pour en faire un taureau par exemple, une sculpture en forme de taureau. Il y a Max Ripond le poète qui avait gravé sur des plaques métalliques rouillées des poèmes. C’est Georges Govenas qui avait gravé des Poèmes de Max Ripond. Enfin bref c’était une effervescence incroyable au niveau artistique et culturel. C’est ce qui a fait que le Mémorial Acte est aujourd’hui où il est. Enfin je vais en venir aux actions qu’on propose. On a plusieurs pôles, le 1er qui est celui qui fonction le plus régulièrement c’est les café archi effectivement. Donc tous les 2 mois, on projette un film, un documentaire en général qui aborde des thèmes de l’architecture de cadre de vie, mais ça peut être l’art, ça peut être l’écologie, ça peut être le paysagisme. Et on invite des gens qui sont spécialistes du domaine et qui viennent répondre aux questions du public à l’issu du film.

OB : La semaine dernière c’était le Street Art

NR : La semaine dernière c’était dans le cadre de la 9e édition du Poular Fair Guadeloupe et c’était sur le streetate et le muralisme. Il y a des artistes aujourd’hui qui peigne sur des murs de 60 m de haut par 30 m de large avec des grues, des camions d’aselle ou tout simplement suspendus par le haut. Ils font des œuvres monumentales et on tenait dans le cadre de la Poular Far justement à parler de et on a invité pour le coup Joelle Ferli qui est plasticienne, qui est cofondatrice de l’artocart, une association culturelle très connue qui est sur la commune du Moule, très active. Et puis il y a des Smoud qui est un des membres fondateurs du collectif 4kG qui est un graffeur reconnu en Guadeloupe et qui nous a donné ses sentiments ses impressions sur le film. Tout ça pour qu’on comprenne un petit peu la difficulté de ce genre de pratique et qu’on voit aussi dans quel cadre c’est fait. Malheureusement les artistes ne sont pas toujours rémunérés à la hauteur de leur talent etc. Et le but du CaféArchi c’est vraiment ca, c’est chaque à chaque fois d’aborder un thème. On en a eu un sur le design lors du salon du design qui avait lieu au Mémorial Acte il y a 2 ans. On a également eu un autre CaféArché sur le thème d’Artistes et Architectes pour la dernière Poular Fair. On est invité chaque année dans le cadre du Terra Festival très gentiment par l’équipe organisatrice du festival pour créer des soirées qui parlent d’architecture et d’écologie. Donc on avait parlé de l’école de Bali, une école qui est tout en bambou, on l’avait mis en rapport avec la fondation Vuitton à Paris qui est tout en métal et en verre.

OB : Un gros contraste

NR : Voilà, un gros contraste. Et puis voilà, chaque fois c’est un thème différent. Ces CaféArchi, on les a transposé en RécréArchi dans les écoles, dans les collèges, les lycées, montrer des films aux enfants et on leur paye un petit gouté évidemment pour l’occasion et on discute avec eux de l’architecture, de l’écologie, du développement durable…

OB : Pour les sensibiliser au plus jeune âge déjà.

NR : Exactement. On a un pôle de promotion d’édition autour du livre de l’architecture en Guadeloupe. Donc on recense tous les livres qui parlent d’architecture, d’urbanisme et de cadre de vie en Guadeloupe ou alors faits par des Guadeloupéen ou alors qui parlent de la Guadeloupe. On va bientôt mettre ça en ligne, on fait des « fiches de lectures » avec toutes les informations pour mettre en avant cette belle production qu’on a ici. Je pense par exemple à un ouvrage sur Ali Tur de Michel Robin Clair. Je pense à un autre ouvrage sur les tures de Sophie Paviol qui est d’origine Guadeloupéenne, qui enseigne à l’Ecole d’Architecture de de Grenoble. Je pense évidemment à Casantillais Jean Loukareté La bible des architectes guadeloupéens qui a été édité par Jacques bertolo et Martine Gaume dans les années 80. Voilà des grands classique, il y a l’Urgence d’échéance la Durée de Marque Jallel aussi qui parle de l’urbanisme en Guadeloupe. Voilà pour n’en citer que quelques un. Il y a une très belle, très riche production des livres sur l’architecture en Guadeloupe, donc on va mettre ça en avant. Ensuite on a un pôle qu’on est en train de mettre en place pour créer des magazines vidéo, qui s’appellera les Panoramag qui serait de 3 min environ, qui serait bimensuel parce que bon, notre structure ne permet pas d’en produire plus régulièrement malheureusement pour l’instant. Mais Panoramang ça sera une petite vidéo, un petit documentaire de 3 min, un peu comme « Du côté de chez vous »  qui passerait sur une chaine Guadeloupéenne, qui permettrait au grand public d’accéder à des bâtiments ou à des espaces publics, qui leur sera expliqué, qui leur permettra de les comprendre et non plus seulement de les appréhender, de les voir, mais vraiment de les comprendre comment ils ont été conçus, pourquoi on a demandé aux architectes de les faire et comment ça s’est passé. Et enfin voilà, un des derniers pole qu’on est en train de mettre en place ça serait éventuellement un prix de l’architecture guadeloupéenne afin de motiver les architectes, et puis plus tard aussi les maitres d’ouvrages, les politiques d’aller vers plus de qualité architecturale. Voilà, donc ça c’est un petit peu les actions sur lesquelles  nous travaillons depuis maintenant 2 ans.

OB : De grands projets, et tout ça dans le bénévolat.

NR : Tout ça dans le bénévolat exactement, il faut le souligner. Donc c’est un grand nombre d’heures qu’on donne à sa passion.

OB : En plus de votre activité d’architecte.

NR : Tout à fait, en plus de notre activité d’architecte et donc j’en appelle à tous ceux qui veulent venir nous rejoindre, évidement s’il y a des privés, des professionnels, des entreprises qui souhaiteraient contribuer à tout cela, ils sont les bienvenues pour qu’on les rencontre. L’idée c’est aussi de créer un réseau interprofessionnel donc voilà.

OB : Il y a justement des bons, qui sont distribués, lorsque j’ai assisté la semaine dernière au CaféArchi…

NR : Voilà, ce sont des bulletins d’adhésion.

OB : Des bulletins d’adhésion qu’on peut retrouver ou ?

NR : Ils sont disponibles sur la page Facebook de la Maison de l’Architecture et sur le site internet. Et vous pouvez tous simplement nous téléphoner, ou nous envoyer un email ou nous contacter via Facebook, il n’y a pas de souci.

OB ; De toute façon on mettra tous les renseignements sur l’article du blog.

NR : Merci beaucoup.

OB : Merci à vous Mr Rigaudeau.

NR : Merci à vous et puis on espère que vous serez présent au prochain CaféArchi qui aura lieu d’ici 2 mois.

OB : C’est déjà noté en tout cas.

NR : Super. Merci.

Facebook : https://www.facebook.com/Maison-Architecture-Guadeloupe-MaGuadeloupe-158114554773293/

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