J’ai toujours vu la Guadeloupe très belle, j’ai envie qu’elle le reste
« J’ai toujours vu la guadeloupe très belle, j’ai envie qu’elle le reste »
Cédric Blemand architecte
Légende : Cédric Blemand (l’homme au chapeau) et moi avons été au même lycée Gissac à Sainte-Anne.
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Interview Cédric Blemand
Construction Caraïbe : le point de vue et les conseils avisés de Cédric Blemand, architecte
Cédric Blemand, un architecte guadeloupéen âgé de 35 ans, est diplômé d’une école d’architecte parisienne. Il s’est formé dans plusieurs spécialités au fil des ans : plasticien, scénographe, designer, paysagiste. Il est aujourd’hui secrétaire à la maison de l’architecture, association qui a pour but la démocratisation de l’architecture en Guadeloupe. De retour sur ses terres natales depuis 9 mois il nous livre sa vision de l’architecture dans la Caraïbe.
Qualiblue : Peux-tu nous donner ta définition de l’architecture ?
Cédric Blemand : « L’architecture est une responsabilité d’utilité publique. Les constructions doivent être en harmonie avec notre cadre de vie. Il faut trouver un juste milieu entre la vie urbaine et la vie rurale. J’ai résumé cela à « l’art de soumettre la gravité à la poésie ».
Qualiblue : Nos cases créoles d’antan avaient déjà dans leur conception ce souci d’avoir une harmonie avec la nature, quel est ton ressenti ?
Cédric Blemand : Depuis l’époque de l’esclavage, nous avons des cases créoles très rudimentaires mais ayant intégré dans leur construction un système permettant de filtrer les rayons du soleil, donc de refroidir la maison par la ventilation naturelle des alizés. Ali Tûr, architecte des colonies, a été chargé de reconstruire 123 bâtiments publics après le cyclone dévastateur de 1928, ce qu’il a fait en tenant compte de nos contraintes climatiques et en se servant de ses avantages. Dès lors les premières citernes de récupération d’eau de pluie ont vu le jour. Il a importé également une nouvelle technique de construction avec le béton armé.
Qualiblue : Et qu’en est-il aujourd’hui ?
Cédric Blemand : La technologie ayant évolué, on a eu une époque dans les années 80 où les climatiseurs ont été installés en masse. Aujourd’hui, avec la mise en place de nouvelles règlementations tel que la réglementation thermique, acoustique et aération ( RTAADOM 2011), nous revenons vers une conception bioclimatique de nos constructions.
Qualiblue: Concrètement, comment se caractérisent nos constructions contemporaines en Guadeloupe ?
Cédric Blemand: Le Guadeloupéen a toujours construit de manière autonome. Nos grands-parents avaient un petit jardin créole avec un enclos pour les animaux, modèle que copient aujourd’hui les pays occidentaux parce qu’ils rentrent dans une démarche bioclimatique. De nos jours, on est constamment à la recherche d’un compromis entre optimiser le foncier pour nos constructions et rester dans une démarche d’autosuffisance.
L’architecture, ce n’est pas seulement du bâti, c’est aussi tenir compte de l’environnement dans lequel on s’implante avec le respect de tradition tout en étant contemporain, tel que l’on a connu « An tan Sorin’.
Un autre élément est de prendre en considération le fait que la production de matières premières pour la construction en Guadeloupe n’existe pas ou alors en très petites quantités. On importe le bois, les parpaings, le métal, le PVC, etc. Il faut arriver à trouver un équilibre entre les contraintes foncières (petit territoire), économiques (forte importation) et environnementales (normes, risques climatique).
Quand on fait appel a un architecte son travail est d’optimiser tous ces paramètres. Au lieu d’utiliser 500 m3 de bois, tu vas plutôt en utiliser 200, parce que le professionnel va te conseiller de manière très spécifique sur tes besoins réels. Le résultat est garanti par nos assurances biennales et décennales.Au delà du conseil expert, il y a aussi une économie sur le coût de l’ouvrage et une garantie de durabilité dans le temps.
Qualiblue: Comment vois-tu l’avenir de la construction en Guadeloupe ?
Cédric Blemand: J’en reviens à ma notion de responsabilité d’utilité publique. Comment conserver la qualité de son cadre de vie face à une population croissante ? C’est là que l’on fait appel à l’ingénierie, en utilisant des outils et compétences qui sont à notre disposition (géographe, cartographe, ingénieurs, informatique). Comme pour tout, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Les études techniques ont pour avantages de prévoir, d’anticiper, d’optimiser l’envergure que peut avoir un projet, son coût, sa taille, son usage. Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans une logique industrielle, mais environnementale.
Nous avons besoin de constructions viables et se faire accompagner par un professionnel n’est pas un luxe. Une maison, un édifice, c’est un projet d’une vie, un investissement. Lorsque l’on fait des études d’architecture, on étudie la sociologie, car avant de pouvoir tracer un trait, il faut savoir comment le futur propriétaire vit, afin de pouvoir lui apporter une réponse spécifique à son besoin et non de celui de son voisin. Un constructeur ne s’interroge pas sur ces choses. Lui va te dire : voici mon catalogue, quelle maison te plait ? (rires)
On prête serment en tant qu’architecte, on a le devoir de conseil. On coordonne les corps de métiers qui vont intervenir sur le bâti, de manière à garantir la durabilité de l’édifice. A long terme, cela représente une économie pour le propriétaire, car ce qui est bien fait dès le départ n’est pas à refaire.
Qualiblue : La domotique est un sujet à la mode. Comment vois-tu son développement en Guadeloupe ?
Cédric Blemand : Aujourd’hui, tout le monde a un smartphone quasiment. Or, dans le bâtiment, ce sont des techniques qui coûtent encore relativement cher. Aujourd’hui, on utilise encore des clefs, mais demain on aura la possibilité d’ouvrir sa porte d’entrée grâce aux empreintes de son pouce. Je reste partisan de la machine au service de l’homme : si on utilise de la domotique dans le bâtiment, il ne faudrait pas que l’on soit tributaire d’une machine. Il faut que l’on ait un contrôle sur la machine. Il faut garder sa liberté.
Qualiblue : Comment un particulier qui vient voir son architecte pour la première fois devrait se préparer?
Cédric Blemand : Pendant les années 60, toutes les constructions en Guadeloupe étaient faites par un architecte. Aujourd’hui, le réflexe n’est plus d’aller voir son architecte. Dans un monde toujours plus pressé, discuter avec son architecte prend du temps et demande un minimum de préparation. Car, Bien faire les choses, ça prend du temps. »Bon maché ka couté chè »
Il faut tout d’abord avoir toutes les pièces : titre de propriété, plan cadastral, études de sols, enveloppe financière… Ensuite, une esquisse de programme : nombres de pièces, matériaux, photos d’architectures qui plaisent. Il faut venir au rendez-vous avec son projet de vie. L’architecte va alors établir, dans un premier temps, une étude préliminaire. Puis, un dépôt de permis de construire et enfin le chantier. Le client peut, selon ses moyens financiers procéder par phase.
Qualiblue : Tu as beaucoup voyagé quelle est ta vision de l’architecture dans le monde ?
Cédric Blemand : Les pays nordiques et de l’est ont une avance de 30 ans sur nous. L’Europe de l’Ouest est restée dans une vision conventionnelle du bâtiment. A Amsterdam, j’ai vu des constructions incroyables, des bâtiments avec des portes a faux de 6 mètres. Jamais tu ne verras cela en France, car techniquement c’est trop coûteux. Une ville comme Amsterdam est un exemple de développement urbain depuis des décennies.
Cédric Blemand à propos de Qualiblue
Cédric Blemand : Je trouve cette initiative extraordinaire, parce que cela répond à un besoin facilitant l’accès et la visibilité aux professionnels dont on a besoin.Qualiblue crée un pont entre les différents corps de métier. Tout le monde peut en profiter. On a un vrai besoin d’avoir une communication au niveau de l’existence des entreprises locales. Dans mon métier, lorsque j’ai besoin de monter un dossier, il faut que je croise au minimum trois entreprises différentes pour obtenir les prix les plus fiables. Avec Qualiblue, je gagne du temps. Lorsque je me rends à Jarry pour voir les entreprises les unes après les autres, je perds un temps fou. Qui dit gain de temps dit gain d’argent pour le projet et donc pour le client.
Retrouver Cedric Blemand sur son site :ici
Sa page Facebook ici
Entretien réalisé par Olivier
Merci pour tous vos messages de soutien, l’aventure continue…
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